• Nanou-Atelier d'écriture

    Proposition n°81

    - Phrases : cascatelles paradisiaques - une sorte de bunker - langue de vipère -

    archipel de Tahiti - ne pas savoir ce qu’il va se passer - un regard pétillant - une mince affaire.

    - Mots ou expressions : étonnement – balayer – mirages – contenir – soupir.

    - et/ou Thème : Nuit

     

    Faire connaissance

    Faire connaissance n'est pas une mince affaire quand on ignore tout l'un de l'autre. Mon grand-père n'a appris mon existence qu'il y a un an, à la mort de mes parents. Le journal régional de la Haute Somme auquel il s'était abonné, relatait le terrible accident au cours duquel sa fille et son gendre abhorré avaient péri. Il mentionnait également le nom de la pauvre orpheline qui héritait de leur maison et de leurs biens. Puis quelques jours plus tard il était tombé sur l'annonce de la vente aux enchères et il avait perdu espoir. Jusqu'à ce coup de fil de son notaire qui l'avait averti de la prise de contact d'une certaine Madeleine François concernant sa propriété en Lozère. Alors il avait repris espoir et commencé à m'attendre.

    Quant à moi, je n'ai découvert la sienne qu'aujourd'hui !

    La nuit qui tombe très vite en cette saison hivernale, nous surprend encore en train de nous raconter nos vies respectives. Nous avons parcouru ce long chemin entre larmes, sourires, étonnement et colère parfois de la part de mon cher papy. Il faut dire qu'il voulait tout savoir ! Je lui ai donc décrit mon logement amiénois : une sorte de bunker froid et sombre que je rejoignais chaque soir la mort dans l'âme, où je me calfeutrais tant bien que mal en entretenant mille mirages d'un avenir meilleur. Des rêves de cascatelles paradisiaques qui viendraient balayer le souvenir lancinant des paroles venimeuses de la langue de vipère qui me servait de grand-mère. En m'écoutant, il a compris ce que c'est que de ne pas savoir ce qu'il va se passer le lendemain, la paix ou les paires de baffes ! A la fin de mon triste récit, il n'a pu contenir le lourd soupir de chagrin qui comprimait sa poitrine.

    -N'y pense plus papy. je t'ai retrouvé, nous nous sommes retrouvés !

    -Tu as raison ma chérie. Tu voulais voir des cascatelles paradisiaques ? L'archipel de Tahiti en regorge ! Je vais t'y emmener pour faire de tes rêves une réalité.

    Il m'annonce cela avec un sourire pétillant qui dissout d'un coup tous les miasmes nauséabonds de mon passé

    Dans la grande maison de mon grand-père, enfin apaisée, j'ai dormi du sommeil du juste et j'ai rêvé de Benjamin.

    ©A-M Lejeune

     

     

     

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  • Nanou-Atelier d'écriture

    Proposition n°80

    - Phrases : le vent qui balayait les rues - son illustre prédécesseur - « revenez demain » -arborer un sourire éclatant - gagner un temps précieux - pendant le service – rituel alimentaire.

    - Mots ou expressions : peser dans la balance – quotidienne – insatisfait – sportive – compagnie.

    - et/ou Thème : Haine

    Grand-père

    Le voir arborer un sourire éclatant ravive ma haine envers mes parents indignes. Envers ma mère surtout qui m'a fait croire que je n'avais plus d'autre famille qu'elle et mon père et que je devais m'en contenter ! ! Elle m'aurait, fait gagner un temps précieux sans cet odieux mensonge qui ne pouvait que peser dans la balance déjà lourdement tarée de ma piètre existence.

    Cet homme, mon grand-père, me couve du regard avec une affection qui me chavire. Je ne suis pas habituée. Grand-père...Je savoure avec délectation ce mot tout neuf pour moi ! Le vent qui balayait les rues glaciales tout à l'heure encore, s'est apaisé. Dans mon cœur aussi, le froid s'enfuit, chassé par la chaleur de ce regard bienveillant. Grand-père...Ma vie quotidienne aurait été si douce en sa compagnie ! Il s'appelle Antoine. Bérangère, ma nouvelle grand-mère, vient de nous rejoindre si discrètement que je ne l'ai pas entendue s'approcher de moi. Élégante et sportive, elle n'a pas l'air insatisfait auquel j'aurais pu m'attendre de la part de la mère de Benjamin. Grand-père vient en effet de m'apprendre que non seulement il est l'intendant du domaine depuis le décès de son illustre prédécesseur, mais aussi et surtout - ceci explique cela - qu'il est le fils unique de son épouse bien plus jeune que lui !  ! Le revoilà tiens le pète-sec ! Toujours aussi revêche. Ses yeux parlent pour lui :"Revenez demain, ou plutôt jamais !" Me lancent-ils tandis que leur propriétaire annonce le diner d'un ton si compassé que j'ai envie de rire !

    -Tu restes bien sûr, nous avons encore tant de choses à éclaircir ma chérie ! Me demande mon grand-père d'un ton presque suppliant.

    -Avec joie papy !

    J'ai répondu d'instinct, toute crainte et toute colère envolées. Benjamin hausse les sourcils, choqué par ce "papy", trop familier sans doute ! Il me toise, dédaigneux. La haine a changé de camp ! Pendant le service, assuré par un valet stylé, aucun mot n'est échangé autour de la table. On ne rigole pas avec le rituel alimentaire chez les de Marcillac.

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  • Nanou-Atelier d'écriture

    Proposition n°79

    - Phrases : pelouse scrupuleusement tondue - fumait une cigarette - soleil ardent - au fond de la vallée - il était énorme et effrayant - une autre planète - un geste très simple.

    - Mots ou expressions : optionnel – éviter -cravate - rouler sous la table – sensation.

    - Et/ou Thème : Neige

     

    Madeleine François-Voyage vers le passé (6)

    Au bout de la route (3)

    La neige, omniprésente depuis que j'ai pris la route dans cette région, commence à fondre sous un soleil ardent inattendu. Elle glisse par lourds paquets des grands chênes dénudés qui bordent l'allée. Le blanc tapis laisse ça et là apparaître la pelouse scrupuleusement tondue avant les assauts de l'hiver. Dans ce décor, le manoir me semble encore plus impressionnant. J'ai la sensation de m'être égarée sur une autre planète, très éloignée de mon pâle quotidien amiénois. L'individu qui me précède, costume -cravate chic, pas du genre à rouler sous la table comme mon défunt père, est une espèce d'extraterrestre guindé que j'aurais pu éviter de rencontrer si je n'avais pas décidé sur un coup de tête, de découvrir l'autre face de mes origines. Je n'étais pas obligée, c'était optionnel après tout. Nous voici au bout de l'allée. La boule au ventre, je gravis le grand escalier de marbre, toujours derrière le sieur Benjamin. En haut des marches un berger Allemand monte la garde. J'ai une peur bleue des chiens. Les voisins de ma grand-mère en avait un qui me terrorisait. Il était énorme et effrayant. Benjamin se retourne enfin vers moi. Ma pâleur l'amuse visiblement. Il flatte la tête du Cerbère avant de me faire entrer. Pétrifiée, je ne vois rien de ce qui m'entoure, tandis qu'il me guide vers une grande véranda à l'arrière de la vaste demeure. J'hésite encore. Benjamin me pousse à l'intérieur vers le vieil homme qui y est assis, seul puis il m' annonce d'un ton solennel :

    -Mademoiselle François, Monsieur !

    -Merci Benjamin ! Vous pouvez nous laisser.

    Juste avant que je n'entre, mon grand-père fumait une cigarette. J'en sens encore l'odeur. Je déteste ça depuis mon séjour chez mes parents. Mon père fumait comme un sapeur et je passais mon temps à vider les cendriers. D'un geste très simple emprunt de courtoisie, il m'invite à m'asseoir. La véranda Donne sur un superbe jardin à la française. Derrière, le paysage jusqu'au fond de la vallée est d'une saisissante beauté. Tout est encore blanc de neige aussi loin que porte mon regard émerveillé.

    -Que c'est beau ! Dis-je le souffle coupé.

    -C'est chez toi mon enfant ! Répond mon hôte d'une voix si douce que j'en ai les larmes aux yeux !

    -Ne pleure pas ma petite fille chérie. c'est ta mère qui m'a fait souffrir, toi tu n'y es pour rien !

    Dans ses yeux posés sur moi, nulle trace de colère comme l'attitude réfrigérante de Benjamin, pouvait  me le  laisser supposer. Juste un mélange de bonheur et de chagrin.

    - Où est ma grand-mère ?

    -Elle n'est plus de ce monde ma chérie ! La fuite de notre fille avec ton père l'année de ses 16 ans, l'a tuée. Mathilde était de santé fragile. Son cœur a lâché. J'ai rencontré Bérangère, ma seconde épouse, dix ans après son décès brutal. Je te la présenterai tout à l'heure. Elle a préféré nous laisser seuls.

    -Vous ne paraissez pas étonné de me voir. Vous m'attendiez ?

    -Je t'espérais Madeleine, depuis la mort de tes parents ! Et te voilà, enfin !

    01-12-2023

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  • Nanou-Atelier d'écriture

    Une fois encore, toutes mes excuses pour la longueur mais le déroulement d'une histoire s'accommode mal de textes courts

    ***

    Proposition n°78

    - Phrases : deux brebis et un bouc - Bête du Gévaudan - franchissement du gué - empreinte humaine - bouquet final - tremblant de peur - une barbe naissante.

    - Mots ou expressions : bonté – décontraction – allonger – amoureux – impatience.

    - et/ou Thème : Douleur

     

    Madeleine François-Voyage vers le passé (4)

    Au bout de la route

     

    Si une bonne nuit de sommeil m'a bien reposée, je suis pourtant loin de la décontraction. C'est comme le franchissement du gué en quelque sorte, on croit qu'on sera mieux de l'autre côté mais ce n'est pas forcément le cas. Me voici en plein cœur de la Lozère. Une région mystérieuse où les enfants rêvent encore de la mythique bête du Gévaudan en tremblant de peur. L'épais tapis de neige semble y avoir effacé toute empreinte humaine. Curieusement pour la saison ,dans un pré j'aperçois deux brebis et un bouc qui batifolent, seule trace de vie dans l'espèce de désert blanc qui me cerne. Je suis à nouveau tellement lasse, que je pourrais m'allonger là et mourir de froid. Cela mettrait fin à la douleur de mes membres raidis par les longues heures de conduite. Une autre douleur aussi, me vrille l'âme depuis que j'ai entrepris ce périple. Et si rien ne m'attendait au bout qu'une nouvelle désillusion. Personne ne m'aime en fait. Ni mes parents ni ma grand mère paternelle, ne m'ont jamais fait l'aumône d'un peu de tendresse et je n'ai pas d'amoureux pour me consoler. Le triste bouquet final de cette aventure serait qu'il n'y ait personne dans ce foutu manoir pour me donner des raisons d'espérer ! Alors pourquoi est-ce que je crève d'impatience d'y arriver ?

    Ça y est, je suis devant la haute grille en fer forgé. Sombre, imposant, le manoir se dresse au bout d'une large allée. J'ai brusquement envie de faire demi tour. Plus question de reculer. Transie, remplie de crainte, je sonne et j'attends que quelqu'un se montre. La grande porte du perron s'ouvre. Un homme descend les marches puis s'avance vers moi. Parvenu à ma hauteur il me regarde avec curiosité. J'en fais autant. Je m'attendais à un vieillard. Cet homme ne l'est pas en dépit de la barbe naissante qui ombre son visage à la fois énergique et plein de bonté.

    -Bonjour ! A qui ai-je l'honneur ? Me demande-t-il enfin.

    -Madeleine François. Répond-je laconiquement, intimidée.

    Il sursaute, l'air ébahi, toute gentillesse envolée. Il se reprend très vite et m'invite à le suivre. Qui est-il et pourquoi cette réaction de surprise teintée d'hostilité ?

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  • Nanou-Atelier d'écriture

    Proposition n°77

    - Phrases : Label de beauté - gorge sèche et râpeuse - une enseigne illuminée - une délicieuse odeur - je m’en souviens très bien - avec un sourire et une courbette - atmosphère feutrée.

    - Mots ou expressions : saboter – autorisation – papille – juger - presser comme un citron.

    - et/ou Thème : Eau

    Madeleine François - Un voyage vers le passé (3)

    Une étape bienvenue

    En sortant du garage, recrue de fatigue, j'ai finalement décidé d'attendre le lendemain pour me rendre au manoir. J'ai donc repris la direction du centre ville sous les trombes d'eau glacée qui ont remplacé la neige. Une enseigne illuminée elle aussi joliment accrochée sur la façade du petit hôtel que m'avait conseillé le garagiste, m'indique qu'il s'agit en fait d'un hôtel -restaurant. A en juger par son aspect vieillot, je ne lui attribuerais pas un label de beauté ou de grande classe mais il me semble néanmoins très accueillant. Mon dernier repas, je m'en souviens très bien, c'était ce matin, un café et un croissant sur le pouce dans un petit bistrot sur le bord de la route, dont la spécialité était manifestement de presser comme un citron le client de passage. J'ai sauté le déjeuner sans même m'en rendre compte. Soudain, j'ai faim, très faim !

    Je pousse la porte.. Aussitôt une délicieuse odeur de cuisine de pays vient agréablement me flatter les papilles. Je suis enveloppée dans une atmosphère feutrée tandis qu'un serveur m'accueille avec un sourire et une courbette désuète.. Courtoisement, il me demande l'autorisation de me débarrasser de ma parka et me dirige vers une table libre nappée de rouge. Je suis si peu habituée à tant de politesse qu'avant de m'asseoir, je le remercie, la gorge sèche et râpeuse .

    Après tant d'heures durant lesquelles le blizzard puis la pluie battante, sont venus saboter une journée déjà très éprouvante, ce moment de grâce et de tranquillité est vraiment bienvenu. Le repas s'est avéré délicieux ! Repue, je monte à l'étage, pressée d'aller enfin me reposer.

    La chambre est petite mais douillette. La douche réchauffe mon corps las. Un bon lit m'attend. Je sens que déjà le sommeil me gagne. Demain viendra bien assez tôt.

     

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  • Nanou-Atelier d'écriture

    Proposition n°76

    - Phrases : aride végétation - la beauté de ce spectacle - une porte close - une enseigne illuminée - crochets de boucherie - sur la table basse du salon - multitâche et efficace.

    - Mots ou expressions : avoir le cafard - se mélanger les pinceaux - soupe au lait – austère – film.

    - et/ou Thème :Amitié

     NB : Je n'ai pu intégrer le thème "Amitié" au déroulement de l'histoire

    Madeleine François - Un voyage vers le passé (2)

    Perdue au milieu de nulle part

    Le blizzard s'est calmé mais à force de hoqueter dans la tempête, ma voiture à rendu l'âme. Me voilà en panne sur le bas côté d'une route perdue en rase campagne, entourée d'une aride végétation hivernale.. Je devrais être énervée, voire inquiète pourtant, en dépit du paysage austère, la beauté de ce spectacle enneigé me coupe le souffle. Nous avons rarement autant de neige en Picardie, quoi qu'en disent les gens du Sud ! Une chance que mon portable capte encore ! J'ai pu appeler une dépanneuse. Je l'attends en soufflant sur mes doigts gourds. Seule au milieu de nulle-part, j'ai l'impression d'être l'héroïne d'un film catastrophe tels ceux que je regardais en cachette chez ma soupe au lait de grand-mère. Je pourrais avoir le cafard en me rappelant ses colères noires et les coups qui pleuvaient quand elle me surprenait devant son vieux poste de TV. Je me souviens de cette fois où elle est tombée et s'est rudement cognée sur la table basse du salon en voulant me prendre en flagrant délit de désobéissance. Elle avait dû se mélanger les pinceaux ! Bien fait pour elle ! Trêve de souvenirs douloureux. Voilà la dépanneuse, ouf ! Je suis gelée ! Le jeune homme qui en descend me semble être du genre multitâche et efficace tant il a vite pris les choses en main. Ma voiture est bien arrimée sur le plateau de l'engin et moi assise au chaud dans la cabine, en route vers la petite ville d'où il est venu.. Nous passons devant une enseigne illuminée maintenue en place par deux crochets de boucherie. C'est plus grand que je ne le pensais et il n'est pas si tard puisque les magasins sont encore ouverts. Au garage, on m'a indiqué le seul hôtel potable du coin, puis on m'a prêté une voiture pour que je puisse poursuivre mon chemin jusqu'au manoir. Je n'ai plus qu'une crainte pour l'heure, c'est de me retrouver devant une porte close.

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  • Nanou-Atelier d'écriture

    Proposition n°75

    - Phrases : examiner les documents - errer depuis des heures - une lumière lilliputienne - le cœur de mon enfance - tournure des événements - renouer avec mes racines - ça tombe bien.

    - Mots ou expressions : blizzard – sonner – hurler - trier sur le volet – pleurnicher.

    - et/ou Thème : Secret

    ***

    La mise en place d'une nouvelle histoire justifie la longueur de ce premier chapitre, veuillez m'en excuser. Merci

    *

    Madeleine François - Un voyage vers le passé (1)

    Secret de famille

    Tout allait presque bien dans ma vie, jusqu'à ce que je décide d'examiner les documents glissés dans la grande enveloppe poussiéreuse que j'ai trouvée par hasard dans un vieux chiffonnier à multiples tiroirs qui me vient de ma mère. Ce petit meuble suranné ainsi qu'une haute armoire à deux portes ornées de miroirs biseautés, une grande table en chêne massif et six chaises assorties, voilà tout mon héritage à la mort des mes parents dans un accident de voiture. Le plus gros de la succession : la maison du centre ville amiénois et tout ce qu'elle contenait hormis ce qui m'est revenu après la vente aux enchères, a servi a payer leurs obsèques, les frais notariaux et les dettes qu'ils ont laissées derrière eux. Finalement, ça tombe bien, me suis-je dit quand le notaire m'a annoncé la tournure des évènementsNe garder d'eux que ces quelques vieux trucs me suffisait amplement ! Ces deux-là m'ont donné la vie puis ils ont saccagé le cœur de mon enfance en me confiant dès l'âge de 5 ans à ma grand-mère paternelle pour pouvoir sans contrainte continuer à mener leur vie de patachon avec leurs amis. Des noceurs comme eux qu'ils avaient pris soin de trier sur le volet en fonction du volumineux contenu de leur portefeuille ! Ma "chère" grand-mère m'a fait payer le prix fort pour avoir dû s'occuper de moi. Ma minuscule chambre mansardée, meublée d'un lit et d'une table de chevet, n'était éclairée que par une lumière lilliputienne issue d'un petit vélux qu'il m'était impossible d'ouvrir. Mamie Lucienne qui détestait m'entendre pleurnicher, prenait plaisir à me hurler dessus, à me sonner les cloches comme elle disait, histoire que je pleure pour quelque chose ! Et elle avait la main leste la vieille carne ! Elle est morte l'année de mes 13 ans. Mes parents ne répondant pas à l'appel, j'ai été placée en foyer d'accueil, le temps qu'on les retrouve. Il avaient quitté le pays à ce qu'on m'a dit !. Je venais d'avoir 15 ans quand ils se sont enfin souvenus de moi et que pris de remords peut-être, ils sont venus me chercher. J'ai vite réalisé qu'en fait ils n'avait besoin que d'une femme de ménage gratuite pour la maison. C'est ce que j'ai été pour eux durant 5 ans, jusqu'à leur décès accidentel..

    Et me voilà, ce 15 décembre 2021, à errer depuis des heures dans le blizzard à cause de quelques feuillets dont l'encre délavée m'a révélé les grandes lignes d'un secret de famille aussi vieux que moi. Ma voiture crache et tousse mais, vaillante, elle me conduit vers un vieux manoir berrichon, Vais-je y renouer avec mes racines ?

     

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