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    L'atelier de Nanou

    Proposition n°39

    - Phrases : dans la forêt – de temps en temps – la tempête menace – un vieux chien – il avait le regard fuyant – se réveiller en sursaut – c’était une journée froide.

    - Mots ou expressions : être dans les vapes – les doigts dans le nez – rendre – beaucoup – chanter.

    - et/ou Thème : joie

    Aveux et soulagement

    J'ai raconté à ma chère tante, les circonstances exactes de notre fuite il y a 20 ans ! Non seulement elle ne l'a pas mal pris, mais en plus elle n'a pas eu l'air étonnée comme je m'y serais attendue. Elle n'avait pas gobé les explications fumeuses de sa sœur à l'époque, concernant de prétendus problèmes survenus dans le fonctionnement de "L'Hôtel Delpierre" à Versailles, un des deux établissements haut de gamme, dont mon père était propriétaire. Le deuxième, pareillement baptisé et situé à Quiberon, justifiait à ses yeux notre présence en Bretagne, lieu de naissance de ma mère, lieu de leur rencontre, de leurs épousailles et de ma naissance. Papa venait juste de l'acquérir quand ils se sont rencontrés !

    -J'avais deviné tu sais ! Mais je n'ai pas voulu m'en mêler ! Tu sais de quoi ta mère était capable ! Je me suis juste demandé ce qu'était devenu l'enfant ! Mais comme ma foutue sœur avait coupé les ponts et que ton pauvre père était totalement sous sa coupe, il m'était impossible de savoir. De temps en temps, le regret me submerge de ne pas être venue à Versailles, quitte à me faire mal recevoir. Je revois ton père quand elle m'a servi ce faux prétexte à votre départ. Il me semblait un peu dans les vapes ! Il avait le regard fuyant d'un vieux chien battu. Je le sentais prêt à me dire la vérité mais il s'est tu. Moi aussi. Et ta mère qui continuait à me chanter son mensonge d'un ton faussement geignard, persuadée et de beaucoup, qu'elle était en train de m'entuber les doigts dans le nez ! Il faut rendre à Mathilde ce qui lui est dû ! C'était une maîtresse femme ! Chacun se pliait à ses oukases !

    -Hélas ! j'aurais tant aimé que papa se rebiffe parfois ! J'aurais dû me rebeller moi aussi ! Il faut croire que le rôle de victime m'allait comme un gant ! Tu sais que peu de temps avant sa mort, papa m'a avoué qu'il lui arrivait de se réveiller en sursaut en repensant à ce qu'il m'avait fait ! Il se sentait coupable ! Pas ma mère. Jamais ! Droite dans ses bottes, forte de ses convictions d'un autre temps ! Et cet éternel reproche à la bouche :"Avec un fils, j'aurais été tranquille !"

    - Ma pauvre chérie ! J'ose à peine imaginer ce que tu as enduré ! Je me rappelle votre départ. C'était une journée froide ! Elle est à jamais gravée dans ma mémoire ! Nous sommes tous coupables Valentine ! Moi plus encore que tes parents !

    -Ne dis pas ça tantine ! Toute la joie, l'insouciance, le bonheur de mon enfance, c'est à toi que je les dois ! Les meilleurs moments de ma vie depuis la mort de mes parents, tu me les as donnés sans compter. Dans la forêt de mes souvenirs, tu as toujours été le plus bel arbre, le plus grand, le plus solide. Tu l'es encore ! N'est-ce pas auprès de toi que je suis venue me réfugier ?

    Nous nous sommes jetées dans les bras l'une de l'autre, laissant enfin couler nos larmes. Joie, remord et soulagement mêlés

    La tempête menace. Déjà le vent se lève. Cette nuit, la maison sur la falaise va encore trembler.

    Septembre est proche. Bientôt une nouvelle vie va commencer pour moi.

    Je n'ai pas tout dit à tante Hermine...

    20/08/2022

    ©A-M Lejeune

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    L'atelier de Nanou

    Proposition n°38

    - Phrases : un joueur de cithare - confidences tragiques - propos virulents - une heure interminable - manque de chance - couleur de miel - à califourchon.

    - Mots ou expressions : montrer patte blanche - rouler dans la farine – voisine – répandre – gambader.

    - et/ou Thème : Tendresse.

     

    Hermine-tendresse

    Rassérénée, je reprends tranquillement le chemin du village où je sais que ma chère Hermine tendresse, comme je l'appelle affectueusement, m'attend avec impatience, curieuse de savoir comment se sont passées mes retrouvailles avec Loïc. Voilà une heure qu'elle me l'a envoyé. Une heure interminable pour ma tante qui a reçu sans broncher mes confidences tragiques lors de mon retour en Bretagne. Elle est si compréhensive ma tantine ! Pas comme ma propre mère qui m'aurait sans doute abreuvée de propos virulents sans se soucier de mon chagrin, avant de se répandre en lamentations, sur le fait d'avoir une fille aussi stupide, plutôt qu'un garçon sensé, aux épaules solides etc... Je crois l'entendre : "Ce n'est pas Dieu possible de s'amouracher bêtement d'un homme au premier regard ! Ce Loïc ne t'a pas servi de leçon ? Tu ne changeras donc jamais ma pauvre ! Pire que les midinettes des romans à l'eau e rose que tu lisais en cachette !"

    Je la chasse de mes pensées. Sur le pas de la porte de sa petite maison, Hermine guette mon retour en bavardant avec sa voisine. Ses longs cheveux couleur de miel d'acacia, flottent librement sur ses épaules. Ils ne seront jamais blanc; "C'est l'apanage de certains rouquins" m'a-t-elle dit ! Je repense émue à tout ce qu'elle m'a confié de sa propre vie et des hommes qui l'ont brièvement traversée, histoire de me consoler et de m'expliquer les raisons de son "célibat".

    Un joueur de cithare rencontré sur la place du Trocadéro, la seule fois ou elle est montée à Paris. Trois jours de folie qu'ils savaient tout deux sans lendemains.

    Un boulanger qui avait su montrer patte blanche pour la séduire, ou plutôt, "pâte blanche" a-t-elle ajouté avec beaucoup d'humour ! Manque de chance, le bellâtre n'a eu de cesse que de la rouler dans la farine en la trompant sans vergogne avec la femme du boucher !

    Il y en a eu d'autres mais surtout, il y a eu le premier d'entre tous, son cher marin- pêcheur, le seul qu'elle ait véritablement aimé, ce presque tonton Vincent qu'il aurait pu être pour moi s'il avait vécu assez longtemps pour que j'aie le bonheur de le connaître. Ma mère était enceinte de moi lorsqu'il a péri en mer avec tout son équipage, un jour de grosse tempête. Hermine et Vincent n'avaient pas eu le temps de se marier.

    C'est lui qui a fabriqué "Totor" pour le bébé à venir. Totor, le merveilleux cheval de bois sur lequel je m'installais à califourchon lorsque j'en avais assez de gambader sur la falaise. C'était une monture de rêve, idéale pour galoper sans bouger, tout en écoutant les yeux écarquillés, les fabuleuses légendes bretonnes que tante Hermine savait si bien raconter.

    Elle me regarde avec une pointe perceptible de déception tandis que je m'approche, seule... Promis, je vais lui dire toute la vérité sur notre départ précipité l'année de mes 15 ans. Elle le mérite mon Hermine tendresse !

    14/08/2022

    ©A-M Lejeune

    [A suivre]                                                            [ Précédent]

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    L'atelier de Nanou

    Proposition n°37

    - Phrases : ne pas déranger – flasher sur ses yeux – jolie et élégante – à la fin de la journée – claquer la porte – tendre la main – ne jamais faire semblant.

    - Mots ou expressions : commander – froidement – équipe – peigner la girafe – yeux de merlan frit.

    - et/ou Thème : Liberté

     

    Comment lui dire ?

    Oui, comment lui dire que j'aurais aimé qu'il y ait la pancarte : "Ne pas déranger" pour l'empêcher de venir troubler ma méditation ?

    Comment lui dire que j'ai décidé de claquer la porte sur un emploi confortable, parce que mon patron a tué devant moi, un homme dont je venais tout juste de tomber éperdument amoureuse ?

    Comment lui dire le moins froidement possible, que flasher sur ses yeux bleus quand j'avais 15 ans, ça ne veut pas dire que je sois prête à retomber aujourd'hui dans ses filets ?

    Je l'ai fait autrefois et il n'est pas le seul à ignorer où ça m'a menée ! Tante Hermine n'a jamais rien su de ma grossesse.

    Comment lui avouer ce terrible secret que j'avais réussi à enfouir si profondément, et qu'il vient de déterrer par sa seule présence après tant d'années ?

    Face à mon mutisme, il m'a enfin lâchée. Soulagée, je me suis éloignée de quelques pas. Et voilà qu'il me regarde avec des yeux de merlan frit. J'en rirais presque de voir son air si déconfit. J'en rirais oui, si le cruel souvenir d'un seul coup ravivé, ne me faisait pas soudainement souffrir au point de me couper le souffle...

    Il me regarde. Il semble si malheureux de mon absence de réaction. J'ai envie de lui tendre la main. Je ne le ferai pas. J'ai appris à ne jamais faire semblant. On ne peut commander les sentiments, or je n'éprouve plus rien pour lui. C'est d'une telle évidence que s'il part maintenant, je vais de nouveau l'oublier très vite. Peut-être pas à la fin de la journée, ni même demain, mais vite, j'en suis sûre ! Je me sens libre. Libérée de lui, de ce passé encombrant, de cet enfant qui n'a pu venir au monde, de tout le chagrin accumulé, puis enterré. Même Valentin s'efface et me rend ma liberté...

    - Nous formions une sacrée équipe toi et moi , rappelle-toi ! Tente encore Loïc !

    Mais même lui n'y crois plus ! Notre équipe comme il dit, n'avait aucune chance ! Je n'étais qu'une gamine énamourée, pleine de beaux projets d'avenir avec un garçon qui lui, passait plus de temps à peigner la girafe ou à rêver d'aventures lointaines, qu'à construire une vie solide avec moi.

    -C'était il y a 20 ans Loïc

    -Tu es si jolie et élégante mais si froide aussi ! Qu'est-il advenu de la Valentine Delpierre que j'ai connue ?

    -Si tu savais ? Ai-je failli lui répondre. Je me suis retenue ! Il n'a pas besoin de savoir.

    Il est parti sans se retourner.

    03/08/2022

    ©A-M Lejeune

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    L'atelier de Nanou

    Proposition n°36

    - Phrases : je dois m’en aller - le plaisir de bavarder - le monde continue - tu crapahutes - lieu de rendez-vous - un large sourire - Excusez-moi, monsieur.

    - Mots ou expressions : mordre - doucement se ronger les sangs - en avoir marre – jardin.

    - et/ou Thème : campagne

    NB : Excusez la longueur, due au fait que c'est la suite de l'histoire de Valentine.

    ***

    Retrouvailles

    Pour l'heure, je suis si bien que je me laisse bercer par la rumeur des flots.. Soudain, je sursaute. Une main vient de se poser sur mon épaule...

    La surprise me fait tressaillir tandis qu'une folle peur vient me mordre les entrailles. Livide, je me lève brusquement, prête à me défendre bec et ongles... Je vacille.  Un bras solide m'empêche de tomber. La panique m'a fait oublier que je suis au bord de la falaise. L'espace d'une seconde, je me suis vue morte, écrasée sur les rochers en contrebas. Pourtant, le monde continue de tourner. Je suis toujours en vie. L'inconnu ne m'a pas poussée, il m'a retenue. Sonnée, j'entends vaguement qu'il me parle sans saisir le sens de ses paroles ! A-t-il vraiment prononcé mon prénom ? Gênée, je réalise qu'il me tient serrée entre ses bras. Les yeux clos, encore sous le coup de la peur, je n'ai pas la force de me dégager de son étreinte. J'ose enfin le regarder. Il arbore un large sourire qui va jusqu'à ses yeux couleur de l'océan.

    -Excusez-moi monsieur, vous..vous pouvez me lâcher maintenant.

    Je me rends bien compte que j'ai bégayé. Mon cœur bat la chamade et je tremble comme une feuille

    -Tu es sûre Valentine ? Tu me sembles encore rudement secouée ! Je ne pensais pas que me revoir te ferait tant d'effet !

    - On... On se connaît ?

    -Là tu me vexes ! C'est moi ! Loïc Le Quellec ! Tu ne m'as pas oublié quand même ? Ni la dernière fois qu'on a eu le plaisir de bavarder ensemble ! Enfin, si on peut appeler ça bavarder. C'était ici notre lieu de rendez-vous préféré, tu te souviens ?

    Loïc, mon premier amour, mon premier baiser... Notre dernière rencontre, quand il m'a dit :"Je dois m'en aller mais je reviendrai, promis !" Et il est parti. J'avais 15 ans, lui 18.. il ne savait pas en me quittant qu'il me laissait un sacré cadeau ! Moi non plus !

    J'ai commencé à l'attendre puis à doucement me ronger les sangs quand les nausées sont apparues ! Ma mère elle, a vite compris que j'étais enceinte à tout juste 15 ans. Elle ne décolérait pas, répétant sans fin qu'avec un fils elle n'aurait pas eu ce genre de problème. Mes parents n'ont pas attendu que mon ventre s'arrondisse pour quitter la Bretagne où tout le monde les connaissait. Nous nous sommes installés dans notre "maison de campagne" des Yvelines et comme il fallait cacher aux yeux de tous la honte de la famille, ils m'ont isolée. Fini le lycée. Fini les balades sur la falaise, fini l'Océan ! Adieu les amis(es). Plus de portable. Plus de contacts avec Loïc ni même avec tante Hermine. Je ne sortais qu'à l'abri de notre jardin cerné de hautes haies de buis taillés. Puis j'ai fait une fausse-couche au cinquième mois. "Un chance ! " a craché ma mère. Nous ne sommes pas pour autant retournés en Bretagne. J'ai repris mes études et le cours de ma vie sans plus chercher à joindre Loïc.

    20 ans se sont écoulés...Il me parle mais je l'entends à peine...

    -Tu crapahutes, tu crapahutes jusqu'à en avoir marre de cette vie. J'avais envie de te revoir même si en trois ans tu n'avais jamais répondu à mes lettres ni à mes appels ! Quand je suis revenu à Kerhostin, tu n'étais plus là et personne n'a été capable de me dire où vous étiez partis ! J'ai encore essayé de t'appeler ! Silence radio ! je me suis dit que tu m'avais remplacé et je me suis fait une raison. Là dessus, j'ai rencontré Estelle. Notre mariage n'a tenu que 2 ans. Pas d'enfant. Du coup, j'ai recommencé à bourlinguer ! Rentré hier du Mexique, ma première visite a été pour ta tante qui m'a annoncé que tu étais là. J'étais sûr de te trouver sur la falaise. Je parle, je parle mais toi, qu'est-ce qui t'a ramenée par ici ?

    Troublée, je le regarde. comment lui dire ?

    22/07/2022

    ©A-M Lejeune

    [A suivre]                                                                                                                    [Précédent]

     

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  • L'atelier de Nanou

    Proposition n°35

    - Phrases : le bruit des vagues - quelle horreur… - devant les yeux - folle cavalcade - plus le temps passait - les larmes aux yeux - beaucoup moins belle.

    - Mots ou expressions : fascination – trésor - sans foi ni loi - tuer le temps – refuge

    - et/ou Thème : mer

    Proposition N°3( de Nanou - Cauchemar (3)

     

    (image du Net)

    Fuir le cauchemar

    Je m'appelle Valentine Delpierre. j'étais préceptrice au manoir des Montalieu. J'ai rencontré l'amour un matin gris de juillet et je l'ai aussitôt perdu.

    Après le drame horrible qui a endeuillé cette famille jusqu'alors sans histoire, j'ai bien essayé de continuer à travailler au manoir mais plus le temps passait, plus l'atmosphère devenait délétère. Le comte arrêté puis emprisonné, les cancans se déchaînèrent.

    "Pauvre comtesse si honteusement cocufiée ! Quelle horreur !". " Cet homme est sans foi ni loi ! Qu'il crève en prison !". "Et la mère de ce fils caché, on sait qui c'est ?". "Il guignait l'héritage, c'est sûr !".

    Pas un mot de compassion pour Léandre et Mathilde, mes inconsolables petits élèves. Pas un non plus pour la victime, dont j'appris qu'il se prénommait Valentin !

    Pour ma part le soir venu, dans la solitude de ma chambrette, les larmes aux yeux, je revivais sans fin la même scène : une large tache rouge s'élargissant sur sa poitrine, Valentin s'écroulait devant moi. Ce cauchemar permanent finit par me faire fuir le manoir. Je donnai ma démission puis je trouvai refuge chez ma tante Hermine, dans sa petite maison sur la côte morbihannaise. Elle est la seule famille qu'il me reste. Je suis hélas fille unique et mes deux parents se sont tués en voiture il y a deux ans. Hermine est beaucoup moins belle que ma mère, mais beaucoup plus tendre avec moi que cette femme acariâtre qui rêvait d'avoir un fils ! Tante Hermine est un trésor. Chez elle, je saurai comment tuer le temps et chasser le chagrin.

    La mer-l'océan plutôt par ici - exerce sur moi une véritable fascination.

    Assise sur un rocher, j'ai devant les yeux le plus magnifique des paysages ! J'écoute le bruit des vagues. Aujourd'hui, leur murmure lancinant a le don de m'apaiser. Mais quand la tempête fait rage, j'aime aussi leur folle cavalcade qui vient se briser en écumant contre la falaise.

    Pour l'heure, je suis si bien que je me laisse bercer par la rumeur des flots.. Soudain, je sursaute. Une main vient de se poser sur mon épaule...

    14/07/2022

    ©A-M Lejeune

     Photo personnelle

    La côte sauvage-21/01/2019

    lLacôte sauvage-21/01/2019)

    [A suivre]                                                                                                         [ Précédent]

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  • L'atelier de Nanou

    Proposition N°34

    - Phrases : une sincère compassion – pingre et autoritaire – il avait le regard fuyant – ouvert les bras – sur ces belles paroles – le plus tard possible – le son de la balle.

    - Mots ou expressions : attristé – jambes – mettre sous pression – chanter – merveilleux.

    - et/ou Thème : PASSION

    Cauchemar (2)

    Il me parut attristé par ma vive réaction de recul. Comment aurait-il pu la comprendre? Et moi, comment avais -je pu le trouver sombre et froid ?

    Ses merveilleux yeux bleus posés sur moi était doux, presque implorants. Je me sentis fondre, saisie pour lui d'une sincère compassion que j'aurais été bien en peine d'expliquer ! Un mot d'encouragement du bel inconnu et je lui aurais ouvert les bras. Quoi qu'il soit venu faire au manoir, je n'avais aucune envie qu'il en reparte, ou alors, le plus tard possible. Un vent soudain de passion soufflait en moi. J'en fus tout entière secouée ! J'avais les jambes en coton et mon cœur battait la chamade. J'avais à la fois envie de chanter et de pleurer. C'était donc cela le coup de foudre ?

    Cet homme-là, je le sus d'instinct, était tout le contraire du maître des lieux ! Le comte de Montalieu était pingre et autoritaire, il avait le regard fuyant. Le simple fait de le rencontrer dans les couloirs du manoir, avait le don de me mettre sous pression. Il me lorgnait de façon si explicitement indécente !

    Murmurant plus qu'il ne parlait, de sa voix grave et hypnotique, l'inconnu interrompit le cours de mes pensées :

    -Madame? Mademoiselle ? Vous êtes bien jolie ! A qui ai-je l'honneur ? Demanda-t-il doucement.

    Puis, sur ces belles paroles, il prit ma main tremblante, se pencha et y déposa un léger baiser, comme le font les messieurs distingués pour saluer les nobles dames. J'en fus si troublée que je faillis tomber en pâmoison !

    Je n'eus pas le temps de lui répondre. Le son de la balle qui vint se ficher dans son torse, résonnera longtemps dans ma mémoire. Le comte venait de tuer son fils illégitime.

    Mon cauchemar était devenu réalité.

    Je m'appelle Valentine Delpierre. J'étais préceptrice au manoir des Montalieu. J'ai rencontré l'amour un matin gris de juillet...Je l'ai aussitôt perdu.

    02/07/2022

    ©A-M, Lejeune

    Proposition N°34 de Nanou- Cauchemar (suite et fin)

    [A suivre]                                                                                                              [ précédent]

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  • L'atelier de Nanou

    Proposition N°33

    - Phrases : pendant ce temps-là - comme de la peste - je venais de faire un rêve bizarre - chambre de bonne - mauvais présage - en cette fin d’été - accrochée à son bras.

    - Mots ou expressions : partir en lambeaux - mettre sous cloche - Hélas ! - silencieux – linge.

    - et/ou Thème : fortune

    Cauchemar (1)

    En cette fin d'été hélas très pluvieuse, je m'éveillai en nage dans l'étroit petit lit de ma chambre de bonne, sous les combles du manoir cossu où je tiens le rôle peu enviable de préceptrice des enfants du domaine. Je venais de faire un rêve bizarre qui m'apparut aussitôt comme un mauvais présage dans ma vie déjà bien compliquée. Je marchais dans le parc silencieux d'une immense propriété, sur un chemin étroit bordé de fils tendus ou pendait du linge blanc. Près de moi cheminait un homme d'une sombre et froide beauté. J'étais accrochée à son bras, totalement subjuguée. Les poches de son costume de prix, débordaient de billets de banque.

    -Ma fortune n'est rien, comparée à toi ! Me disait-il de sa voix grave, hypnotique. Tu es si belle que je vais devoir te mettre sous cloche pour te protéger des autres. Tu es à moi, rien qu'à moi ! Ne l'oublie jamais !

    Je l'écoutais, captive consentante. Pendant ce temps -là, autour de nous, le paysage changeait à vue d’œil. Sur les fils où croassaient à présent des dizaines de corbeaux, le linge devenu noir, commençait à partir en lambeaux. les arbres nus ressemblaient à des squelettes et sur le visage de mon compagnon, apparaissaient des pustules purulentes. C'était comme de la peste qui se répandait partout.

    Je ne suis pas d'un naturel superstitieux mais quand on sonna à la grille du manoir et que la comtesse m'envoya ouvrir au visiteur, je ne pus retenir un cri de frayeur en découvrant, devant moi, sombre et froid, l'homme de mon rêve...

    30/06/2022

    ©A-M Lejeune

     

    [A suivre]

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