• Pour une amie qui vient de perdre sa maman, ce texte écrit quand j'ai perdu la mienne le 28 septembre 2011

    Bisous du coeur Arlette.

    ***

    J’ai écrit cette histoire après le décès de ma maman en septembre 2011.

    Ce pourrait être un conte de fée ! Je l’ai écrit comme tel en tout cas ! Avec cet espoir fou, ce rêve insensé : et si c’était vrai ! 

     

    Si je devais vivre…

    La vieille dame marchait, légère, si légère. Ses pieds touchaient à peine le sol. Elle marchait sans but droit devant elle, à travers une prairie verdoyante semée de fleurs de toutes sortes et de toutes couleurs. Elle aurait pu en nommer beaucoup, mais il y en avait également beaucoup dont elle ne connaissait même pas l’existence. Toutefois, elle reconnut sans peine les marguerites. Il y en avait un grand parterre. Elle s’arrêta donc pour en cueillir une belle brassée. Elle ne savait pourquoi mais sitôt qu’elle les avait vues, elle avait ressenti l’envie urgente d’en faire un gros bouquet. Elle se baissa sans peine et cueillit tout son soûl. Puis elle reprit son chemin, toujours droit devant elle, les fleurs blanches serrées contre son cœur.

    Elle se sentait bien et marchait d’un pas alerte. Ses douleurs permanentes dans les jambes semblaient avoir disparu, tout comme son souffle auparavant diminué était redevenu ample et sa respiration facile. Depuis combien de temps n’avait-elle pas marché ainsi ?

    Elle avançait, joyeuse, pieds nus dans l’herbe douce et fraîche. Des arbres immenses se dressaient, jalonnant son parcours. Elle ne savait pas où elle allait mais elle savait qu’elle avait le temps. Dans les branchages piaillaient et gazouillaient des milliers d’oiseaux multicolores qui s’égaillaient parfois d’entre les branchages parés des couleurs des quatre saisons.

    Il y avait des arbres blancs et roses croulant de fleurs, d’autres qui conjuguaient toute la gamme des verts, d’autres qui flamboyaient entre rouge, jaune d’or et rouille, d’autres encore qui scintillaient, habillés de neige immaculée ou de givre translucide…

    C’était fabuleux ! Comme était fabuleux le ciel au-dessus d’elle, autour d’elle, qui changeait de couleur au fur et à mesure de sa progression. Il passait sans préavis du bleu azur ensoleillé, au gris blanc d’avant la neige, au moutonnement léger des nuages ou au flamboiement d’un sublime soleil couchant…

    À l’horizon, à la fois proche et lointaine, se profilait une montagne grandiose et majestueuse dont le sommet pointu était couronné de neiges éternelles. Quand avait-elle vu une montagne aussi belle et d’aussi près. Celles qu’elle avait vues étaient plus rondes, croyait-elle se souvenir…

    Il lui vint l’envie aussi soudaine qu’incongrue de gravir les pentes escarpées qui s’offraient, là-bas, à ses jambes libérées. Dame oui ! Elle s’en sentait capable d’un seul coup.

    Mais elle avait le temps, tout le temps !

    « Oui, je vais le faire ! » Cria-t-elle à tue-tête, le cœur tout empli d’une allégresse nouvelle. Et sa voix n’avait plus été aussi claire depuis bien longtemps…

    Elle s’adressait à elle ne savait qui, elle ne savait où. Ou alors elle savait mais ne réalisait pas encore…

    Guillerette, elle poursuivait son chemin lorsqu’elle entendit de la musique. Elle aurait juré que c’était les flonflons d’un bal, quelque part, là, au beau milieu du champ fleuri. Un bal comme les guinguettes au bord de l’eau de sa jeunesse, ou comme ceux qui avaient lieu dans l’arrière salle du bistrot du village. Guidée par le son joyeux de l’accordéon, elle courut, courut, volant presque tant elle mourait d’envie de danser. Elle avait 20 ans de nouveau. Il l’attendait, son homme…Il allait la prendre par la taille et l’entraîner dans le tourbillon d’une valse musette, comme autrefois.

    Il était bien là, aussi jeune et beau que lorsqu’elle l’avait connu. Il n’eut pas l’air étonné de la voir. À plus de 80 ans elle devait pourtant avoir changé !

    Quoique…Ici…

    Il lui sourit de ce sourire qu’elle n’avait jamais oublié, la prit par la main puis l’enlaça. Ils valsèrent et valsèrent encore…Quand la musique s’arrêta, il la regarda tendrement.

    « Vas maintenant, lui dit-il, tu as encore des choses à faire. Ensuite, nous nous retrouverons. Vas, je t’attends ! »

    Sans inquiétude aucune, parce qu’elle savait d’instinct qu’il disait vrai, elle reprit sa balade dans la verte prairie en fleurs. Parmi les chants des milliers d’oiseau, elle reconnut celui du rossignol, pur, céleste.

    « Rossignol, rossignol de mes amours… » Se mit-elle à fredonner.

    Elle s’avisa, un brin étonnée, qu’elle tenait toujours son bouquet de marguerites. Qui le lui avait remis dans les bras ? Ah oui, une petite fille blonde frisée comme un mouton. Un vrai petit ange !

    Elle n’avait pas chaud, ni froid…Mais la rivière aux eaux cristallines qui serpentait dans la campagne verdoyante l’attirait irrésistiblement. Elle posa ses fleurs sur la berge. Sans même savoir comment ça s’était fait, elle se retrouva nue sans honte ni fausse pudeur. Elle s’agenouilla au bord de l’onde claire, se pencha sur le courant et se vit, enfin. Ses cheveux roux brillaient comme des flammes, ses rides avaient disparu, ses yeux aussi bleu que le ciel le plus bleu n’en croyaient pas leurs yeux. Ils regardaient un teint de pêche sans défaut, un corps glorieux de jeune fille en fleur.

    « Mon Dieu ! Mon Dieu ! Suis-je au Paradis ? Ai-je mérité tout ça ? » Demanda-t-elle.

    « Oui ! » Répondit à son âme éperdue de joie, la voix la plus douce qu’elle ait jamais entendue.

    « Va maintenant maman ! Tu as encore des choses à faire » lui dit le petit ange blond

    «  Oui, écoute ! » Enchaina son mari

    « Écouter quoi ? » Questionna-t-elle un peu abasourdie tout de même.

    « Là, en bas, écoute ! » Firent les voix unies de tous ceux qui étaient arrivés avant elle mais qu’elle ne voyait pas encore.

    Elle écouta.

    Ils étaient tous rassemblés dans la petite église. Ils pleuraient. Ils la pleuraient. Ils écoutaient une femme parler. Une de ses filles. Elle parlait d’elle, évoquait sa vie tourmentée, ses douleurs mais ses joies aussi. Elle leur rappelait ce souhait, qu’elle leur avait si souvent répété :

    « Restez unis mes enfants ! Aimez- vous les uns les autres ! »

    Elle terminait enfin en lisant ces mots qu’elle avait griffonnés sur une enveloppe et rangés avec le reste de ses souvenirs d’une existence entière, dans une petite valise.

    *« Si je devais vivre une autre vie, je cueillerais plus de marguerites, je gravirais plus de montagnes, je me baignerais dans plus de rivières, je danserais à plus de bals… »

    Elle ferma les yeux. Une larme, une seule glissa sur sa joue et tomba dans la rivière.

    La dernière.

    Ici, on ne pleurait pas.

    Alors elle se jeta dans l’eau transparente, éclaboussant l’ange blond et le jeune homme brun qui éclatèrent de rire. Elle se baigna, lava les derniers miasmes de ses terrestres chagrins et sortit de l’eau, prête pour l’ultime étape de sa paradisiaque randonnée. Comme par miracle, la montagne était là, juste devant elle et elle allait l’escalader, foi de *Nana !

    « Vas-y ! Grimpe » L’encouragèrent les célestes voix de ceux qu’elle aimait là-haut, et de ceux qu’elle aimait en bas !

    Elle grimpa, contempla le ciel du sommet enneigé puis redescendit.

    De l’autre côté, ils l’attendaient, tous ! Ceux d’en -haut comme ceux d’en -bas que durant sa vie elle avait réunis dans ses prières quotidiennes sans jamais en oublier un seul.

     

    C’est le privilège de ceux qui atteignent enfin ce lieu béni que de pouvoir vivre éternellement avec tous ceux qu’ils aiment, qu’ils soient déjà au Paradis ou encore sur Terre.

    Tu es arrivée, repose-toi maintenant maman !

     

    * Nana,  c'est le petit nom que tout le monde donnait à maman, qui s'appelait Anna-Marie

    * J'ai réellement trouvé cette enveloppe dans une vieille valise,  avec ces mots écrits de sa main


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  • Hier, j'ai posté un article purement musical en comparant ce "moment de grâce"  à  la musique militaire qui résonne partout en France en cette fête nationale.

    Cela ne veut pas dire que je réprouve ou que je n'aime pas la musique militaire bien au contraire. Ni que je n'aime pas les défilés militaires du 14 juillet. Je ne peux plus participer à celui de ma commune où je serais à la traîne à cause de mon pauvre dos. mais jusqu'à ce que je ne puisse plus, je n'en ai raté aucun ! Et durant mes 18 années de conseil municipal de ma commune, j'ai même été fière d'y participer en tant qu'élue et de passer en revue, avec le maire, notre corps de sapeurs pompiers.

    Le 14 juillet reste pour moi un moment fort de notre unité nationale. Je n'oublie jamais que bien plus que des "guerriers et des guerrières", nos militaires, hommes et femmes, sont avant tout des garants du maintien de la paix, de la sécurité et de l'indépendance de notre pays. Point de paix sans soldats pour la défendre !

    Et puis je garde un heureux et  pieux souvenir des 14 juillet de mon enfance dans mon village. d'abord la retraite aux flambeaux du 13 au soir. Il y en avait toujours un qui prenait feu  à force d'être secoué !

    Puis il y avait le traditionnel  défilé du  14. Papa jouait de la grosse caisse dans la clique des pompiers dont il était un membre respecté. Mes frères eux, y jouaient du clairon et il ne fait aucun doute qu'ils auraient fini par rejoindre le corps des sapeurs pompiers du village si la mort de papa n'était pas venue bouleverser notre vie. Quand à moi, je serais devenue cantinière et j'aurais arboré fièrement l'uniforme blanc (jupe plissée et chemisier) et le calot bleu marine, ainsi que le petit demi tonneau en bandoulière qui contenait les cocardes à distribuer au cours du défilé. Pour cela, papa m'apprenait à marcher au pas et à bien le marquer au repos pour pouvoir toujours le reprendre correctement.

    Après le défilé dans le village, il y avait les jeux traditionnels : course en sac, grimper du mât de cocagne etc...démonstration de la pompe à bras dans la rivière que les pompiers faisaient manoeuvrer par les gamins.  La journée se terminait avec les flonflons de la fête foraine qui avait lieu dans le village voisin au bord de la Seine.

    Merveilleux souvenirs sur fond de musique militaire, parce que bien sûr, je regarde à la télé le défilé de nos forces armées sur les champs Elysées.

    Bonne fête nationale à toutes et tous

    Bisous bleu-blanc-rouge

    Notre fête nationale

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  • Oui, juste un moment de grâce  en musique que je veux partager avec vous en cette veille de 14 juillet où c'est surtout de la musique militaire qui va résonner


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  • C'est le mot qui m'est venu à l'esprit en découvrant ce poème : "Le vagabond" que je vous invite à aller lire chez Daniel qui nous raconte à sa façon, la dure vie des sans abris, des sans domicile fixe, des vagabonds en tout genre qui peuplent nos villes, ombres tristes que nous croisons sans les voir, bien souvent parce que nous refusons de les regarder.

    Peut-être n'attendent-ils de nous que ce regard compatissant que nous leur refusons...

    Voici ma réponse en vers et contre l'indifférence Daniel, avec ce poème écrit début novembre 2019 : 

    La complainte du sans-abri

     

    « J’ai froid ! » dit l’homme seul, sur son bout de trottoir,

    Tu vas pouvoir dormir bien au chaud sous ta couette…

    Je n’ai pour me couvrir, qu’un carton sur ma tête,

    Je ne veux pas mourir, comme un chien dans le noir.

     

    J’ai froid…Je tends la main…Tu ne veux pas me voir.

    Ils sombrent dans l’oubli, les mots de l’Abbé Pierre.

    Combien ferment les yeux, face à notre misère

    Alors qu’un seul regard peut nous rendre l’espoir.

     

    J’ai froid, j’ai faim j’ai mal… je quête un peu d’amour,

    Pas juste une piécette au fond de ma sébile.

    J’ai tout perdu tu sais, mon toit et ma famille…

    Regarde-moi, veux tu, un instant, sans détour.

     

    Regarde-moi, j’ai froid, tu peux me réchauffer

    En me tendant la main comme à l’un de tes frères

    En m’offrant de tes yeux la radieuse lumière.

    Je ne serai plus seul si tu sais t’arrêter.

     

    Je ne veux pas des gens, charité ni pitié

    Ce qui me fait souffrir, c’est leur indifférence

    Ou qu’ils fassent semblant d’ignorer la souffrance

    De tous les sans-abris qui peuplent leurs cités.

     

    « J’ai froid ! » Dit l’homme seul sur son bout de trottoir…

    Combien d’indifférents vont détourner la tête ?

    Merci toi l’inconnu, pour cette cigarette,

    Pour cette main tendue, pour ce regain d’espoir.

     

    01-11-2019

    ©Anne-Marie Lejeune

     

     

     


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  • quelle belle expression pour évoquer celles et ceux qui nous ont quittés.

    Elle m'est offerte par Eléa que l'on peut retrouver également :  ici , dans son commentaire pour mon billet "Mon papa".

    "Nos envolés ne sont jamais bien loin !
    Je suis certaine qu'il te laisse des signes,
    les vois-tu ?"

    Me demande-t-elle. 
    Il m'en a envoyé beaucoup, pendant longtemps après son envolée.

    Je les ais vus, entendus et ils m'ont beaucoup aidée à des moments de ma vie assez difficiles. Comme je lui ai répondu, je pense que les meilleurs signes que nous envoient nos envolés, c'est le souvenir vivant que nous gardons d'eux par delà les années.

    Bisous doux à toutes et tous

    Anne-Marie


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  • Je dis souvent que j'ai perdu la Foi bienheureuse de mon enfance et de mon adolescence et c'est vrai !  Mais il en reste au fond de moi quelques traces. Des petites lumières que je ne peux ou ne veux pas éteindre.

    Ces petites lumières, ce sont les signes que nous recevons parfois sans que nous puissions expliquer ni d'où ils viennent ni ce qu'ils veulent dire. Juste Des signes qui nous prouvent, peut-être, qu'il existe autre chose, autre part.

    Ainsi aujourd'hui, me suis-je  décidée à parler un peu de ce père parti trop tôt. J'étais désolée, presque contrite de ne l'avoir pas fait le jour de la fête des pères. Besoin de me rappeler qui il était. Besoin de croire qu'il est toujours là quelque part à veiller sur nous, comme notre maman partie en 2011. Ce besoin de l'évoquer, est-ce un signe et que veut-il dire ? Je ne sais pas ! Ce que je sais en revanche c'est que ça m'a fait du bien  de parler de lui. Le même bien profond que celui de ses apparitions dans mes rêves durant des années.

    Et voilà que le même jour, je reçois un message d'une amie qui me dit qu'elle vient de retrouver dans son jardin, un objet très précieux pour elle. Un objet qui symbolise parfaitement l'amour et l'union des corps et de l'esprit et  qui a appartenu à son mari : son alliance.

    Coïncidence troublante que ces deux chers disparus qui se manifestent ainsi le même jour  à travers le temps et l'espace , l'un par cet anneau, l'autre par les mots que son souvenir m'a soufflés !

    Je ne sais pas si je crois en l'existence d'un Dieu mais ce dont je suis sûre, c'est que nous recevons parfois des signes d'ailleurs qui nous apaisent et répondent à nos questions ou à nos prières d'une manière inexplicable et merveilleuse.

    19/06/2023

    ***

    Poème écrit pour un défi d'Evy

    L’eau de l’au-delà (10/05/2021)

     

     

    Ils ne font pas de bruit, les gens de l’au-delà

    C’est à peine s’ils troublent l’eau de notre vie

    Pour beaucoup ils ne sont que rêve et fantaisie

    Que s’inventent tous ceux qu’a brisés leur trépas.

     

    Ceux qui restent et pleurent, noyés de chagrin

    Refusant le départ jusqu’à la déchirure

    Refusant de la mort la cruelle morsure,

    Refusant jusqu’au bout d’écrire le mot « fin ».

     

    Ils guettent dans la nuit, les ombres disparues

    Attentifs, ils s’abîment dans un grand silence…

    Incapables de croire en l’éternelle absence,

    Ils attendent un signe descendant des nues.

     

    Enfer ou paradis, quel est cet au-delà,

    Flammes de la torture ou grand flot de lumière ?

    Qui les a emportés, insondable mystère

    Vers ce monde inconnu où se perdent leurs pas ?

     

    Ou vivent-ils en nous, dans les recoins secrets

    Où notre âme s’enfuit quand le sommeil arrive ?

    Par la grâce du rêve ils accostent nos rives

    Et d’un souffle d’un seul, effacent nos regrets.

     

    C’est l’eau de l’au-delà qui les ramène à nous,

    Éternels passagers de nos voiliers nocturnes.

    Nul besoin de scruter les anneaux de Saturne !

    Attirés par l’amour, ils sont au rendez-vous.

     

    Et cet amour les garde en nos cœurs à l’abri.

    L’au-delà est en nous, en cela je veux croire !

    Ils vivent à jamais au creux de nos mémoires

    Et ne meurent vraiment que lorsque vient l’oubli.

    ©A-M Lejeune

     


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  • Parti à l'âge de 35 ans, avalé par la mer en Baie de Somme, entre le Crotoy et Saint Valery en juillet 1959. Je venais d'avoir 8 ans.

    Que dire de ce papa qui ne soit pas enjolivé par le souvenir ?

    Il n'était pas très grand mais son coeur lui l'était. Bon copain, bon voisin .Ses amis du boulot disaient en venant chez nous que c'était la maison du bon Dieu.

    C'était un bon ouvrier, estimé  par son patron et par ses camarades d'usine. il travaillait au plâtre dans l'entreprise qui fabriquait des panneaux d'isolation

    C'était un bon père sévère mais juste qui n'aimait pas le bruit quand il rentrait du travail. Il faut dire qu'en plus d'être nombreux dans notre petit logement, nous étions assez turbulents !

    Il était respectueux et fier de son travail et du pain gagné à la sueur de son front. pas question de gâcher la nourriture !

    Un peu casse cou ! Un jour il a sauté par la fenêtre juste pour prouver qu'il pouvait le faire ! Ce n'était pas très haut mais tout de même le deuxième étage de la bâtisse appelée "le moulin" dont le patron de l'usine louait des logements à ses ouvriers.

    Farceur ! Je me souviens de cette fois où il a fait exprès de mettre du temps pour aller acheter ses gauloises juste avant le départ du train qui allait nous amener en Bretagne pour les vacances. Ne le voyant pas revenir, maman tremblait. Il a déboulé en courant juste au moment où le train démarrait et a sauté lestement sur le marchepied en riant.

    Pêcheur, jardinier, bricoleur... C'était un papa comme il y en avait beaucoup à l'époque. Le genre qui sait tout faire, même remplacer les carreaux que nous cassions. C'est lui qui avait fabriqué la table de la cuisine.

    Papa pompier volontaire, il jouait de la grosse caisse dans la clique des pompiers du village. Après son décès, je n'ai plus jamais pu entendre ce bruit-là sans pleurer. C'est au cours d'un voyage organisé par le chef des pompiers de Limetz, qu'il s'est noyé.

    Joyeux vivant, il aimait boire un p'tit coup, bien manger, faire la fête le samedi, jouer aux cartes au café du village, danser au bal qui avait lieu dans l'arrière-salle de ce café ou dans les guinguettes à Giverny...

    je pourrais encore vous en dire, car j'en ai plein des souvenirs de lui. Par exemple, quand on demandait à maman "On mange quoi ?" il répondait à sa place :"Des briques à la sauce cailloux". Ou quand elle nous racontait ses rêves, je l'entends encore dire en riant "Et moi, j'ai rêvé que mon cul était une fontaine et que vous étiez des petits canards qui nageaient dedans"

    Je me demande souvent comment il aurait été en vieillissant . Je pense qu'il aurait ressemblé à l'un de mes trois frères. peut-être plus à Jean-Marie,le petit dernier qu'au deux aînés, Jean-Claude et Jean-Pierre, parce que sur la fin de sa vie, maman l'appelait souvent "Frédo" diminutif d'Alfred.

    Tu étais notre papa. Tu n'étais  pas très grand mais ton coeur lui, l'était. De nombreuses années se sont écoulées mais je ne t'oublie pas.

    Je t'aime Papa

    Mon papa

    Mes parents en 1948

    *

    Mon papa

    Avec mes deux frères aînés

     

     

     

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